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Nécrologie

Joseph Charles Doumba : Le « fidèle gardien » s’en est allé

Joseph Charles Doumba est mort le 5 mars dernier à l’âge de 81 ans. De sa longue carrière administrative et politique, la mémoire collective retiendra sans nul doute son passage à la tête du Secrétariat général du Comité central du Rdpc de 1992 à 2007.

Le 10 mars 1992, une semaine seulement après les élections législatives du 3 mars, Paul Biya nomme Joseph Charles Doumba, Directeur général de la Sopecam, comme Secrétaire général du Comité central du Rdpc en remplacement de Ebénézer Njoh Mouelle. Le Parti vient de frôler le pire, ne remportant que 88 sièges sur les 180 de l’Assemblée nationale. Celui que Paul Biya appelle ainsi est un fidèle qui connait bien les arcanes du pouvoir et du Parti. Ancien Directeur de l’Ecole des cadres de l’Unc, il a été secrétaire à l’Organisation du Rdpc de 1985 à 1990. Autre argument qui a probablement contribué à ce choix : en privé, Joseph Charles Doumba a souvent eu à se présenter modestement comme le « notaire » de la succession du 4 novembre 1982 dont Paul Biya sera « l’héritier ». En mars 1992, le parti est presque KO debout. Il n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale. Les caisses sont vides. Le climat social est morose, car le personnel accuse des arriérés de salaire. Dans l’urgence, il faut nouer une alliance ou une coalition à l’Assemblée pour espérer la formation d’un gouvernement stable. Le Mdr de Dakolé Daïssala, fort de ses six députés, accepte la main tendue du Rdpc. De cet épisode, Joseph Charles Doumba raconte que le Président de la République avait reçu des bulletins de renseignement l’accusant de négocier avec la Mdr pour le compte de …l’Undp. Grâce à cet accord Rdpc-Mdr, le Rdpc dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale (94 sièges sur 180). Un nouveau gouvernement est formé le 27 avril 1992. Et déjà les élections présidentielles se profilent à l’horizon.

En octobre 1992, Paul Biya l’emporte de justesse face à John Fru Ndi. Pour élargir la majorité présidentielle, une alliance est nouée avec l’Upc de Augustin Frédéric Kodock. Dûment mandaté par Paul Biya, Joseph Charles Doumba conduit les négociations. Le Président peut maintenant gouverner dans la sécurité. Du côté du Secrétariat général du Comité central, commencent la reconstruction et la modernisation du Parti avec pour objectif, la reconquête de l’électorat perdu. Avec toujours peu de ressources humaines et financières, Joseph Charles Doumba va s’engager dans cette bataille avec fougue et détermination. Sur autorisation du Président national, il crée les cellules de promotion et d’animation dans divers domaines : économie sociale (Cepal), sport, culture, activités humanitaires, santé. L’objectif est doble : « recruter » de nouvelles ressources humaines mais surtout explorer et investir de nouveaux champs afin de servir et de séduire les populations. Le Rdpc, parti de service est en marche. Contrairement à ce qui a été dit ça et là, les cellules n’avaient pas pour but de mettre entre parenthèses les organes officiels du Parti, mais de les accompagner. D’ailleurs au moment où les cellules de promotion et d’animation sont créées, les cellules en tant que structures de base du Parti ont été supprimées. Elles seront rétablies en 1996. Malgré les critiques, le Secrétaire général sillonne le pays du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. L’action sur le terrain sera accompagnée d’une abondante production livresque. Ces efforts et cette débauche d’énergie seront récompensés par la remontée électorale du Rdpc aux élections législatives et présidentielles de 1997. Le Rdpc retrouve la majorité à l’Assemblée nationale et Paul Biya est réélu de manière plus confortable. Le Parti peut désormais gouverner seul. Mais au nom de la démocratie apaisée, il entame des discussions avec le Sdf et scelle une alliance avec l’Undp. Les scrutins suivants permettent au Rdpc de renforcer sa position de parti leader. Sur le plan interne, l’œuvre de modernisation se poursuit au cours des Congrès de 2001 et 2006.

Au moment où il quitte ses fonctions au Secrétariat général du Comité central en 2007 après 15 ans de bons et loyaux services, Joseph Charles Doumba laisse un parti fort, bien implanté et bien représenté dans toutes les instances qu’elles soient locales ou nationales.

Pendant quinze ans, il aura été le « fidèle gardien » de la maison du Président. Il laisse à la postérité ses concepts –l’activité créatrice, la dialectique du reptile et du volatile, le primat de pensée-, ses bons mots : « la vie est supérieure et antérieure à la politique », « gardez les problèmes pour vous, ramenez-moi les résultats et les solutions », « à chacun sa chance, son tour, son destin ». Une grande perte pour le Cameroun et le Rdpc. Un héritage qui pourrait inspirer les jeunes générations. A condition qu’elles aiment le travail, qu’elles fassent le bien et qu’elles gardent la foi. Tel était son crédo. Ainsi parlait Joseph Charles Doumba, homme de lettres, de pensée, de devoir, de fidélité et d’action.

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