La visite de travail du secrétaire général du Comité central du Rdpc à Ngaoundéré le 23 août dernier, est le reflet d’une volonté irréductible du Parti, de récupérer les localités tombées dans l’escarcelle de l’opposition.
C’est une opération de remobilisation et de séduction politique, que vient de mener le vice-premier ministre, secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkuété, dans la région château d’eau du Cameroun. Car en effet, contrairement à ce que pense une certaine opinion, la perte d’une bonne partie du terrain politique par le Rdpc dans cette région, a été une pilule très difficile à avaler, pour la hiérarchie du Parti. Mais comme le soulignait avec élégance, Jean Nkuété, le 23 août dernier à Ngaoundéré, le Rdpc ne réfute pas le verdict des élections. « Bien entendu, en tant que Parti républicain et respectueux des institutions, nous avons accepté et respecté le verdict des urnes. Pour autant, nous n’en sommes pas satisfaits et nous ne nous en contentons pas du tout », indiquait-il.
En effet, en dépit du fait qu’il contrôle 12 communes sur les 21 que compte la région depuis les municipales du 9 février 2020, le Rdpc a énormément perdu. En dehors de Meiganga dans le département du Mbéré, le parti politique du Président Paul Biya n’a pas été élu dans les grandes communes. C’est-à-dire, celles qui ont pour ressort territorial, les chefs-lieux de départements et par conséquent, un grand nombre de conseillers municipaux. Une situation, qui n’a pas rendu possible sa victoire, lors de la toute première élection des conseillers régionaux de l’histoire politique du Cameroun, tenue le 6 décembre de la même année (2020). Sur un total de 70 conseillers régionaux, le Rdpc dispose de 14 sièges contre 56 pour l’Undp. Le conseil régional de l’Adamaoua et la mairie de la ville du chef-lieu de la capitale régionale,Ngaoundéré, sont par conséquent sous le contrôle du Parti de Bello BoubaMaïgari.
Sur les 21 communes, le Rdpc contrôle en majorité les « petites », hors mis celle deMeiganga dans le département du Mbéré. Dans cette unité administrative, le Parti qu’administre Jean Nkuété, est présent à Dir, Djohong et à Ngaoui. Dans le département de la Vina, les communes de Belel, de Mbé, de Ngan-ha’a sont totalement aux couleurs du Rdpc. A Ngaoundéré 3eme, le Parti du flambeau ardent, jouit d’une majorité écrasante. Dans le département du Djerem, la commune de Ngaoundal évolue sous la bannière duRdpc. Et tout à côté dans le Mayo-Banyo, seules les communes de Bankim et de Mayo-Darlé sont aux couleurs du Parti du flambeau ardent. Et le reste, dans les bras de l’opposition, qui n’entend d’ailleurs pas lâcher prise. À l’Assemblée nationale, 6 députés sur 10 de la région de l’Adamaoua, sont issus du Rdpc. Les 4 autres, dans l’opposition.
Le vent de l’espoir
Pleinement conscient qu’il va falloir se donner corps et âme dans les prochaines batailles électorales dans cette partie du pays, le vice-premier ministre, secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkuété, a prononcé un discours saisissant. À l’instar du fils aîné d’une famille décidé à défendre la réputation familiale, le patron de l’administration du parti politique du Président Paul Biya, a fustigé les trahisons, et a appelé à un resserrement des rangs, dans l’optique de renverser la tendance. « En tout cas, il s’agit d’une situation inacceptable devant être corrigée et retournée en notre faveur le plus tôt possible. Nous devons tirer toutes les leçons du passé, par un diagnostic sans complaisance qui permettra de dégager les causes et les responsabilités, sans chercher à nuire, à blesser ou à exclure. C’est fondamentalement de cette manière, que nous allons renouer avec les succès,reconquérir les territoires perdus et consolider les acquis dans l’Adamaoua, malgré les avancées de nos adversaires », disait-il. La visite de travail à Ngaoundéré, a également permis au secrétaire général du Comité central du Rdpc, de recevoir en audience de nombreuses personnalités. Parmi celles-ci, les présidents de sectionsRdpc, Ofrdpc et Ojrdpc, les chefs et membres des délégations permanentes départementales et régionales du Comité central du Rdpc, entre autres. Ceci, à l’effet de comprendre la « cause des choses », et d’avoir des informations à même de réorienter les stratégies du Partidans la région. Le premier grand test de cette remobilisation que vient véritablement d’enclencher Jean Nkuété, se fera à coup sûr l’an prochain, lors des élections sénatoriales.
Philippe GANFEH